La menace d’Arès, dieu de la guerre
(écrit le 6 février 1982 — inspiré de Keith Reid)

Ce fut déjà tout or, tout encens.
Ce fut à l’époque où nos pieds foulaient le sable chaud,
Où nos fouets dominaient la rage,
Et où la famine emportait les enfants des autres.

Mais les montagnes se sont effondrées,
Nos récoltes ont brûlé,
Et les rivières se sont emplies de sang.

Maintenant le vent habite nos temples.
Les femmes accouchent de mort-nés.
Les écritures se dispersent au vent.
Nos armes sont dégainées.
Les cris de guerre retentissent au loin.

Quel conjoint mourra en premier?
Qui connaîtra la pire agonie?
Combien de cheveux par poignée?
Combien de chair par lambeau?

Les fidèles apeurés
Adressent des voeux pieux :
Leurs prières sont sans écho,
Leurs Idoles sont pétrifiées.

D’autres parmi nous dansent et s’enivrent
Comme s’ils ne savaient pas
Que la jungle envahit nos villes,
Que la rouille corrompt nos épées,
Que les derniers lampions s’éteignent
Et que nos remparts s’écroulent.

Voyez, nos ennemis sont déjà rois.
Et la mort est à nos portes.

Non, rassurez-vous :
Il n’est pas tout à fait trop tard.
Mais si nous attendons qu’Arès
Apparaisse comme notre dernier espoir,
Nous découvrirons, repentants,
Que les prières les plus ferventes
Lui sont adressées par ceux-là mêmes,
Nombreux, que nos fouets
Ont su si bien faire taire.