Avis sur le Rapport du comité ad hoc sur la « Détermination des tâches pouvant être confiées à des classes de personnes autres que des pharmaciens » en établissement de santé (version finale du 25 novembre 1997).
 
 

Nous avons pris connaissance du document cité ci haut et nous présentons dans les paragraphes qui suivent nos commentaires, particulièrement en regard de l’annexe 1 de ce rapport, soit celle qui rapporte le résumé de la recension des écrits.

Commentaires :

Mentionnons d’abord que nous ne partageons pas l’opinion émise dans la conclusion de cette annexe (p.5). Diverses raisons justifient notre opinion. En effet, les études recensées sont non seulement peu nombreuses, mais chacune comporte des erreurs méthodologiques importantes; tout au moins dans le résumé présenté en annexe 1 du rapport. Les principales lacunes méthodologiques sont les suivantes :

1. Aucune des études n’indique de quelle façon les sujets (techniciens et pharmaciens) ont été recrutés pour ces études. Ont-ils été recrutées de façon aléatoire ou par contacts personnels? Quel était le degré de motivation de ces sujets envers l’étude? Est-ce que les motifs de participer étaient les mêmes chez les deux groupes (techniciens vs pharmaciens)? En somme, ces sujets sont-ils représentatifs de la population visée par l’étude?

2. On ne précise pas dans la méthodologie si les groupes comparés (techniciens vs pharmaciens) sont équivalent selon le genre, l’âge, le statut d’emploi, l’expérience de travail, etc. Est-ce que les techniciens sont plus jeunes que les pharmaciens? Sont-ils du même sexe? Etc.

3. Le nombre de sujets à l’étude est souvent trop faible pour assurer une représentativité de la population à l’étude. Ainsi la puissance statistique est souvent déficiente, ce qui ne permet pas de conclure clairement.

4. Les critères d’évaluation du nombre d’erreurs faits par l’un ou l’autre des groupes à l’étude ne sont pas clairement définis. Est-ce que certaines erreurs ont plus d’importance que d’autres? Si oui, lequel des deux groupes fait les erreurs les plus dangereuses pour le consommateur?

5. Dans plusieurs des études recensées l’évaluation de la performance des sujets (% d’erreurs) a été évaluée par une personne qui était consciente de l’identité du groupe évalué, ce qui peut introduire un biais dans l’évaluation faite. De plus, une étude bien faite ferait faire cette évaluation finale (vérification du nombre d’erreurs) par au moins deux personnes indépendantes, ce qui permettrait d’établir la variance dans le niveau d’erreur dans le critère d’évaluation et assurer une meilleure validité de l’évaluation faite.

6. Aucune des études ne précise le type de formation (contenu, durée, etc.) qui a été donné aux techniciens. De plus, certaines études ont utilisé non pas des techniciens, mais des internes en pharmacie comme groupe de comparaison avec celui des pharmaciens. On peut ainsi douter qu’un tel groupe soit représentatif de celui de « techniciens ».

7. Il semble que les études recensées ont été faites dans des hôpitaux américains où le contexte de travail peut être très différent de celui du Québec. Il faudrait que cet aspect soit mieux documenté avant de conclure que les résultats de ces études peuvent être appliqués au contexte québécois. Il va s’en dire, que si d’autres milieux que celui du milieu hospitalier est visé, par exemple en officine, aucune des études rapportées s’appliquent à ce contexte.

En somme, la conclusion en annexe à ce rapport est trop optimiste en ce qui concerne l’équivalence de qualité de travail des techniciens avec celui des pharmaciens. Les évidences extraites des études recensées ne supportent pas cette conclusion. Il reste, à notre avis, plusieurs questions sans réponse et la conclusion présentée repose sur une succession d’hypothèses qu’il reste à vérifier. Selon l’information présentée dans cette annexe, la seule conclusion correcte serait la suivante :

Il n’est pas possible, compte tenu du peu d’études publiées et des lacunes méthodologiques qu’elles présentent, de conclure quant à l’équivalence de la qualité du travail des techniciens et des pharmaciens en ce qui a trait à la vérification contenant-contenu des médicaments.
 

Gaston Godin, Ph.D
Camille Gagné, Ph.D

Groupe de recherche sur les comportements dans le domaine de la santé
Faculté des sciences infirmières
Université Laval
Ste-Foy (Québec)
G1K 7P4
 


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