Remise de la pétition 2000 à l’assemblée générale de l’OPQ
par Denis Godin, président de l'APPSQ, le lundi 11 septembre 2000
Bonjour, je me présente : Denis Godin Pharmacien, président de l’APPSQ
Je viens présenter et déposer à cette Assemblée, à titre de membre de l’Ordre, mais aussi au nom d’un grand nombre de pharmaciens, la pétition contre la délégation de la vérification de la préparation des médicaments à des aides-techniques.
Monsieur le président, depuis l’adoption du principe par l’Ordre de déléguer la vérification contenant-contenu, l’Ordre n’a pas consulté les pharmaciens salariés. Ceci est tout à fait regrettable, puisque ce sont eux qui auront à vivre les conséquences de votre décision.
À l’Association, il fut décidé de procéder à cette consultation et ceci par le biais de 2 événements distincts, soit par une pétition, qui a permis aux plus vifs opposants de s’exprimer. Et en parallèle, via l’enquête salariale de l’APPSQ, en y insérant une question où le pharmacien salarié a eu l’occasion d’exprimer le degré de son accord ou de son désaccord.
Il est apparu très tôt que c’est une majorité de pharmaciens salariés qui est en désaccord avec le principe que l’Ordre a adopté.
En effet, J A M A I S, les pharmaciens salariés n’accepteront de payer pour l’étourderie d’un aide-technique. De plus il est illogique de confier la vérification à une personne qui n’est pas responsable de cet acte ou encore qui sera responsable sans avoir vérifié elle-même. Que celui qui vérifie SOIT responsable de cette vérification. C’EST ÇA, LA VOIX DE LA RAISON.
J’irai plus loin dans ma démonstration. L’enquête salariale a démontré que plus de 94% des pharmaciens salariés sont en désaccord avec ce principe.
Pour les pharmaciens salariés, cette vérification constitue plus qu’une vérification « bê-bête » de la conformité de la pilule avec l’étiquette. Elle représente leur autorité sur le personnel dont ils sont responsables. Elle constitue l’étape ultime où ils vont valider tout le processus de la préparation des médicaments.
C’est l’instant de la prise en charge de sa responsabilité. Pour toutes ces raisons, ce simple petit geste de vérification devient alors symbolique. Pour tout ce qu’il signifie, le geste de vérifier la conformité du médicament constitue un acte professionnel pour le pharmacien salarié, nonobstant ce qu’en pense l’Ordre.
M. le Président, voici la teneur de la pétition : Je vous en fais la lecture.
PÉTITION CONTRE LA DÉLÉGATION DE LA VÉRIFICATION DE LA PRÉPARATION DES MÉDICAMENTS À DES AIDES-TECHNIQUES
Monsieur le Président de l’Ordre des pharmaciens,
En tant que pharmacien, pharmacienne, salarié de pratique privée du Québec, je suis en total désaccord avec le principe que vous avez fait adopter par le Bureau de l’Ordre des pharmaciens, concernant la délégation de la vérification de la préparation des médicaments à des aides-techniques.
En effet, je trouve inacceptable que le Bureau de l’Ordre permette la délégation de cet acte dont je demeure entièrement responsable au niveau professionnel et moral et ce, sous quelque forme que ce soit, même encadrée par une norme encore à venir.
Selon moi, l’acte de vérification de la préparation des médicaments est un tout indissociable. La vérification de la conformité du médicament constitue l’étape ultime qui valide tout le processus de la préparation, renforçant le contrôle de la qualité du travail exécuté par les aides-techniques dont nous sommes responsables. De plus elle concrétise la prise en charge de notre responsabilité auprès du public.
M. le Président, j’appuie l’APPSQ dans ses démarches contre cette délégation. Je demande donc le retrait immédiat de ce principe que le Bureau de l’Ordre a adopté.
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Signature No permis Date
Avez-vous compris un des passages de la pétition ? Il nous affirme que l’acte de vérifier la préparation des médicaments est un acte professionnel.
M. le Président, je puis vous affirmer qu’il fallait un grand courage pour signer cette pétition. Je me permets de profiter de cette tribune pour remercier chaleureusement tous ceux et celles qui ont eu le courage de la signer et de nous la poster. Je crois que les pharmaciens salariés peuvent être très fiers du geste qu’ils ont posé collectivement. Car non seulement il fallait être courageux, mais il fallait être « O S É » pour s’opposer ouvertement à un organisme aussi puissant que l’Ordre des pharmaciens.
Non seulement il fallait être convaincu, je dirais « jusqu'à l’os » que ce principe va à l’encontre du bon entendement, mais cela demandait de prendre un certain risque en apposant son nom ainsi que son numéro de permis.
Comme vous l’avez constaté, la teneur de la pétition est très claire, aucune tergiversation, elle est directe. Elle excluait automatiquement tous les indécis et les craintifs et j’en passe.
Vous comprendrez que chaque signature est très significative :
Il y aurait 300 pétitions reçues que vous devriez vous poser des questions.
Il y en aurait 600 pétitions, soit le nombre de participants à l’enquête salariale, que vous auriez dû juger important de vous pencher sérieusement sur les revendications des pharmaciens salariés.
Il y en aurait eu 1000, que je serais mal à l’aise, à votre place, de rester un tant soit peu indifférent à ces revendications.
Il y en aurait eu « 1300 », que vous devriez être gênés d’avoir présenté un tel projet.
M. le président, voici le nombre exact de pétitions qui sont contenues dans ces quelques boîtes :
1 4 3 5
Oui, Mesdames et Messieurs, 1435 signatures de pharmaciens et pharmaciennes, qui témoignent que cet acte de vérification est, selon eux, un acte professionnel.
J’inviterais M. Jean-Pierre Martel, pharmacien, et Mme Odette Davidson, pharmacienne, de bien vouloir apporter les pétitions à M. le Président, puisqu’elles lui sont destinées.
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Pendant que les pétitions s’acheminent, je dois rajouter ici quelque chose, car je me dois d’être honnête avec cette assemblée. Je n’ai pas reçu que des pétitions contre le principe de délégation. J’ai en ma possession une pétition en faveur de la délégation, la voici. Mesdames et Messieurs, sachez comparer, UNE pétition contre 1435. Oui, une contre 1435.
Est-ce que cela signifie que ceux qui n’ont pas signé cette pétition, étaient en accord avec l’Ordre ? Et bien N O N. Car une question dans notre enquête salariale fournissait une véritable occasion aux appuis de l’Ordre de s’exprimer. Cette question nous a donné la réponse : il y a plus de 94% de pharmaciens salariés qui sont en désaccord avec ce projet.
M. le Président, nous assistons ici à une première. Jamais dans toute l’Histoire de la pharmacie québécoise, autant de personnes se sont dressées contre l’Ordre. Qu’on le comprenne bien : il ne s’agit pas d’une contrariété mineure. Il s’agit d’une révolte : les salariés sont révoltés contre l’Ordre.
Et je soupçonne, à partir des appels que l’Association a reçue de pharmaciens propriétaires, que nos préoccupations rejoignent également de nombreux collègues propriétaires. Mais ce n’est pas à moi de parler en leur nom.
Pour terminer, j’aimerais résumer brièvement les raisons de ce désaveu cinglant d’une partie de vos membres :
Premièrement
Les pharmaciens salariés refusent d’êtres poursuivis pour des erreurs qu’ils n’ont pas commises et qu’ils auront été dans l’impossibilité d’empêcher.
Deuxièmement
Il très risqué de confier aux aides-techniques une partie importante de la préparation des médicaments, alors que ne sommes pas convaincus que le public est prêt à payer pour les actes plus sophistiqués.
Troisièmement
Pour tout ce qu’il représente, cet acte de vérification est un acte professionnel aux yeux des pharmaciens salariés quoiqu’en pense l’Ordre.
Quatrièmement
Il serait dangereux de faire savoir au public que la préparation des médicaments n’intéressent plus les pharmaciens, quand viendra le temps de justifier le monopole de la distribution des médicaments aux pharmaciens propriétaires.
et cinquièmement
Ceci pourrait permettre d’ouvrir la porte à la création d’une nouvelle corporation professionnelle d’assistants-techniques, ou encore à l’émergence d’une nouvelle catégorie de pharmaciens qui pourrait être par exemple les pharmaciens préparateurs en pharmacie, tout comme pour les infirmières avec leurs infirmières diplômées au collégial et celles diplômées à l’université.
Pour terminer, M. le Président, j’ose espérer que vous aurez la sagesse d’abandonner ce projet i n s e n s é.
Merci de votre attention.
Denis Godin, pharmacien
Président de l'APPSQ