Pour la légalisation de la polygamie
(écrit le 13 mars 2008, retouché le 4 juillet 2009)

En résumé :

Je ne vois pas de différence fondamentale entre le mari polygame et celui qui trompe sa femme si ce n’est que dans le premier cas, tous les adultes concernés sont d’accord alors que dans le second cas, l’infidélité conjugale est généralement basée sur la dissimulation et le mensonge. Puisque l'infidélité congugale n'est pas contraire à la loi — elle le serait que nos prisons seraient pleines — je ne vois pas pourquoi la polygamie devrait continuer d'être illégale.

En détail :

C’est seulement dans la deuxième moitié du second millénaire après Jésus-Christ que les pays occidentaux ont établi une séparation entre l’État et l’Église. Lorsque cette séparation existait encore, l’État brûlait ou exterminait les hérétiques parmi ses citoyens (comme ce fut le cas des Cathares au XIIIe siècle) ou punissait de mort ceux qui se convertissaient à une autre religion, comme c’était interdit aux Catholiques d'Espagne jusque vers 1600 et comme c’est toujours le cas pour les Musulmans vivant dans les pays où la Charia a force de loi.

De nos jours, les États modernes punissent les actes asociaux (les meurtres, les vols, etc.) mais s’abstiennent de punir de simples “péchés” à moins que ceux-ci ne soient également des gestes asociaux. Malgré cela, il y a encore quelques décennies, la législation canadienne rendait illégale des interdits religieux. Par exemple, jusqu’à la loi appelée “Bill Omnibus”, adoptée en 1969, aucun couple canadien ne pouvait divorcer à moins que l’Église ait déclaré nulle leur union ou, à défaut, à moins d’une loi privée, rédigée expressément pour ce couple, ait été adoptée par le parlement du Canada. Chaque divorce non permis par l’Église devait être l’objet d’une loi canadienne. En adoptant le Bill Omnibus, le parlement canadien ne faisait pas que légaliser la dissolution du couple : il établissait un encadrement légal qui évitait aux épouses, par exemple, de se retrouver dans la nécessité.

À ma connaissance, la polygamie est un des derniers interdits religieux qui soient encore illégaux au Canada. Pourtant il s’agit d’une affaire privée entre adultes consentants. Elle est pratiquée depuis toujours par des sectes religieuses habitant l’Ouest canadien et tolérée depuis des décennies par ceux responsables de l’application de la Loi. L’arrivée récente d’immigrants originaires de pays où la polygamie est légale, nous oblige à nous demander si cette pratique doit continuer à être interdite.

La polygamie ne regarde pas l’État. Contrairement aux États-Unis — où on n'hésite pas à imposer les valeurs morales de la majorité de la population à ceux qui ne les partagent pas — le Canada est un pays de liberté où l'État n’est pas le gardien de la Foi, ni le protecteur de l’orthodoxie religieuse majoritaire. Si des citoyens canadiens désirent participer à une union matrimoniale multiple, il est du devoir de l’état d’édicter un encadrement légal qui protège chaque conjoint des abus de pouvoir et d'établir les règles de la répudiation.

Selon les valeurs du Canada, la polygamie doit être permise autant à la femme qu’à l’homme. Chaque conjoint doit avoir le choix d’entretenir une relation d’exclusivité ou non avec le partenaire polygame et, dans ce dernier cas, sans que cela entraîne d’obligation à partager ses propres conjoints. De plus, des règles précises doivent encadrer l’éclatement des unions polygames.

À ceux qui me répondraient que la polygamie ne fait pas partie des “valeurs canadiennes”, je rappelle que les clubs échangiste font maintenant partie de ces valeurs depuis un jugement majoritaire de la Cour Suprême du Canada daté du 21 décembre 2005. Or à partir du moment où on permet l’échangisme, je ne vois pas sur quoi on pourrait se baser pour interdire la polygamie.