La Méopathie À la mémoire de Louis Landry, pharmacien
Les grands principes méopathiquesC'est dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle que sont nés les deux principaux principes de la Méopathie. Le premier est déjà célèbre. Il s'agit de la Loi de la dilution : Plus on dilue les doses d'un poison, moins les gens en meurent. Amplement vérifié depuis, le deuxième principe fondamental de la Méopathie est appelé Loi de la similitude : Rien ne ressemble plus à un granule méopathique qu'un autre granule méopathique. Le constat d'ordre pharmacodynamique de l'inversion des effets selon la dose découle évidemment des deux principes existentiels de cette science. Pour aider à comprendre l'expérimentation méopathique, il faut savoir que la Méopathie se justifie comme la saignée : quand le patient guérit, cela prouve l'efficacité du traitement. Par contre, quand le patient décède, c'est qu'on a trop tardé à lui administrer le remède.La guérison par la dilution
Les dilutions méopatiques qui sont douées du plus grand écart thérapeutique (c.-à-d. simultanément les plus efficaces et les moins toxiques) sont celles où la dilution est telle qu'il ne reste plus de médicament. On explique l'efficacité du traitement par la présence de ce qui reste, c'est-à-dire le jus de la molécule méopathique. Ce jus s'extrait par agitation de la solution méopathique à chacune des étapes de sa dilution. Cette agitation est essentielle, et distingue le remède méopathique du placebo. Quand doit-on prescrire les remèdes méopathiques ? Réponse : en toute occasion. Au lever, cinq granules de Bryona succulentis ouvrent l'appétit. Au départ pour le travail, dix granules de Pulsa- tilla verdum prolongent la durée des feux verts et favorisent la ponctualité. Au dîner, place à la nouvelle cuisine : ainsi une délicate grappe de Carbo vegetabilis sur un coulis de Veratrum album est un met léger et sain. L'après-midi, prenez une bonne cuillerée à thé comble de granules de Belladona secretariis ; toutefois si des rumeurs de congédiement persistent, optez plutôt pour Caféina percolatum. Au cours du 5 à 7, une petite poignée de granules assortis remplace avantageusement les noix mélangées. En soirée, n'hésitez pas à recourir à Arsenicum ; il prolonge le sommeil à raison d'une demi-tasse de granules à diluer dans un peu d'eau chaude (attention à l'eau chaude). Enfin, contre la fringale noc- turne, rien ne bat un grand bol de granules d'Hyosciamus avec du lait et de la cassonade.ConclusionLa Méopathie permet de lutter contre le recours aux médicaments. L'affreux réflexe J'ai-mal,-vite-une-pilule se traduit méopathique- ment par Je-guéris-sans-chimique-grâce-à-mes-granules. De plus, le pharmacien peut vraiment jouer son rôle de consul- tant. Au lieu d'exiger de lui-même son Halcion et ses Ativan, le patient dépendra de nous, incapable de retenir les noms latins de ses remèdes. Quant à celui qui a mélangé ses différents granules blancs et qui vient les faire identifier, nous pourrons dire n'importe quoi sans danger. En définitive, l'avenir est à la Méopathie. Après les médicaments traditionnels, peut-être efficaces mais combien artificiels, nous voici revenus aux authentiques plantes vénéneuses et aux vrais métaux toxiques, en doses infinitésimales cette fois. Nous devons réaliser que les gens aiment prendre des pilules. C'est une vérité du monde moderne. Plutôt que de lutter contre la surconsommation des médicaments, nous pouvons dire : Allez-y, ne vous gênez pas ; ce n'est pas dangereux, c'est naturel. Finis également les essais cliniques coûteux : des centaines de guérisons spontanées et le témoignage de quelques profession- nels suffisent amplement à soutenir la Foi méopathique et à assurer le rayonnement du Culte du Granule pour des siècles et des siècles. Amen.Publié par Le Pharmacien en mars 1988 © 1988 — Jean-Pierre MartelCLIQUEZ SUR LE TEXTE QUE VOUS AIMERIEZ LIRE :
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